
Des Palestiniens déplacés retournent chez eux, le 14 octobre 2025 dans la zone d'al-Zahra dans la bande de Gaza ( AFP / Eyad BABA )
Le Hamas a étendu mardi sa présence dans la bande de Gaza en ruines, menant une campagne de répression et exécutant des "collaborateurs" présumés, à l'heure où Donald Trump a affirmé que Washington désarmerait le mouvement palestinien s'il ne le faisait pas lui-même.
Le président américain a aussi exhorté le Hamas à restituer les dépouilles des otages décédés à Gaza, une étape qu'il juge nécessaire pour passer à la prochaine phase de son plan pour le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre.
Le Hamas a remis mardi soir à la Croix-Rouge quatre nouvelles dépouilles, a indiqué l'armée israélienne, qui a reçu les cercueils peu après minuit mercredi (21H00 GMT mardi).
Il avait libéré lundi les 20 derniers otages vivants qu'il retenait depuis l'attaque qui a déclenché la guerre le 7 octobre 2023, en échange de près de 2.000 prisonniers relâchés par Israël, et remis quatre dépouilles d'otages. De son côté, Israël a remis les restes de 45 Palestiniens, transférés à l'hôpital Nasser à Khan Younès (sud).
Depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu vendredi, des journalistes de l'AFP ont vu les forces de sécurité du mouvement islamiste palestinien déployées dans plusieurs villes de la bande de Gaza.
Ce cessez-le-feu a été initié par M. Trump, dont le plan pour Gaza prévoit notamment dans une phase ultérieure le désarmement du Hamas et son exclusion de la gouvernance du territoire palestinien, où le mouvement a pris le pouvoir en 2007.
Après la libération des otages, il nous faut obtenir "la démilitarisation et le désarmement" du Hamas, a souligné le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu mardi sur la chaîne CBS. "Premièrement, le Hamas doit rendre les armes, et deuxièmement, il faut s'assurer qu'il n'y a pas d'usines d'armes à Gaza. Il ne doit pas y avoir de trafic d'armes vers Gaza. C'est cela, la démilitarisation".
M. Trump a affirmé mardi que les Etats-Unis "désarmeront" le Hamas s'il ne le fait pas lui-même. "Cela se passera vite et peut-être violemment", a-t-il encore dit devant la presse à la Maison Blanche.
- "Collaborateurs" -
Après plusieurs jours d'échauffourées, des témoins ont fait état mardi auprès de l'AFP d'"intenses" combats à Gaza-ville, dans le quartier de Choujaïya (est), opposant selon eux une unité affiliée au Hamas à des clans et gangs armés dont certains seraient soutenus par Israël.
"Ce matin, pendant de longues heures, de violents affrontements ont opposé les forces de sécurité du Hamas et des membres de la famille Hilles", a témoigné un riverain, Mohammed, qui refuse de donner son patronyme pour des raisons de sécurité.
La "Force dissuasive", organe récemment créé au sein de l'appareil sécuritaire du Hamas, "mène une opération" pour "neutraliser des personnes recherchées", a indiqué à l'AFP une source sécuritaire palestinienne à Gaza.
"Notre message est clair: il n'y aura pas de place pour les hors-la-loi ou ceux qui menacent la sécurité des citoyens".
Le Hamas a publié une vidéo montrant ce qu'elle présente comme l'exécution de huit hommes "collaborateurs" d'Israël en pleine rue à Gaza-ville. L'AFP n'est pas en mesure de déterminer dans l'immédiat l'authenticité, la date de tournage ou le lieu.
Sur le canal Telegram d'Al-Aqsa TV, la vidéo est accompagnée de cette légende: "La résistance exécute la peine de mort contre un certain nombre de collaborateurs et de hors-la-loi dans la ville de Gaza."

Des Palestiniens marchent près de bâtiments détruits, le 14 octobre 2025 dans la zone d'al-Zahra dans la bande de Gaza ( AFP / Eyad BABA )
La Défense civile de Gaza a annoncé mardi la mort de six personnes dans des tirs israéliens. L'armée israélienne a dit avoir ouvert le feu sur "des suspects" s'approchant de ses forces.
Le plan Trump prévoit notamment le retrait progressif déjà amorcé de l'armée israélienne, qui garde le contrôle de 53% du territoire palestinien, ainsi qu'"une amnistie" pour "les membres du Hamas qui s'engagent à respecter une coexistence pacifique et qui rendront leurs armes". Pour les autres, le plan prévoit l'exil.
Lundi, lors d'un sommet sur Gaza en Egypte, M. Trump a cosigné une déclaration visant à cimenter le cessez-le-feu après l'échange d'otages et de détenus entre Israël et le Hamas convenu dans le plan négocié sous l'égide des Etats-Unis, l'Egypte et le Qatar.
- "Peur presque partie" -
"Les paroles de Trump sont importantes. Nous espérons qu'il les mettra en œuvre sur le terrain, car il est le seul à pouvoir empêcher la guerre de reprendre", commente Rima al-Fara, 30 ans, qui vit dans le quartier en partie détruit d'al-Rimal dans l'ouest de Gaza.
"Nous pouvons à nouveau respirer (...) la peur est presque partie", ajoute-t-elle.
Elle s'est dite soulagée après le déploiement de la police, car "pendant la guerre, des phénomènes déplaisants tels que des vols, des cambriolages et des intimidations armées ont eu lieu."
A Genève, l'ONU et le Comité international de la Croix-Rouge ont réclamé l'ouverture de tous les points de passage pour permettre d'acheminer davantage d'aide humanitaire dans le territoire ravagé.
Dans la ville de Gaza, où des bulldozers déblayaient des décombres mardi, "la priorité absolue" est selon le maire Yahya al-Sarraj "d'ouvrir les routes et "un besoin urgent de matériaux de construction, notamment de ciment".
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